Bassin Adour-Garonne
Préserver les moyens de l’eau, défendre le principe “l’eau paie l’eau.”
#143
Edito d'Alain Rousset, Président du Comité de bassin.
Dans un contexte où le changement climatique bouleverse nos équilibres, les moyens dédiés à l’eau sont aujourd’hui le premier facteur d’adaptation et de résilience des territoires.
L’étude « Adapter la France à +4°C : moyens, besoins, financements » de l’Institut de l’économie pour le climat nous confirme que plus de la moitié des financements publics explicitement dédiés à la transition sont issus des politiques de l’eau.
Or ces moyens restent largement insuffisants pour faire face au mur d’investissement qui nous attend pour bâtir la résilience de nos territoires dans une France à +4°C.
Cela est particulièrement vrai dans le bassin Adour-Garonne, l’un des plus exposé au dérèglement climatique :
- un territoire immense représentant 22 % du territoire national (118 000 km2) et recouvrant 26 départements et 3 régions,
- un tissu rural marqué avec 80 % des communes classées en zone de revitalisation rurale,
- et des vulnérabilités fortes : à l’horizon 2050, sans mesures d’anticipation, un habitant sur deux pourrait rencontrer des tensions sur l’accès à l’eau potable.
La qualité de l’eau est également menacée : 325 captages dégradés par les pollutions diffuses restent à restaurer d’ici 2027, de nouveaux micropolluants émergent, et certains captages doivent déjà être fermés faute de garantir une eau conforme.
L’accès à une eau de qualité en quantité suffisante devient un enjeu vital pour tous.
Le GIEC est clair : c’est dans les 10 prochaines années que l’impact des investissements d’adaptation sera maximal. Au-delà, il sera trop tard. Le 12e programme de l’agence (2025-2030) est calibré pour répondre à cette fenêtre d’action décisive. Les acteurs locaux pleinement conscients des enjeux, ont pris leur responsabilité et consenti à l’impôt dans le cadre d’un pacte de confiance, cadre d’exigence et d’engagement du bassin sur sa propre stratégie d’intervention et de réciprocité avec l’État.
Le 24 juin 2025, un arrêté ministériel a opéré un prélèvement exceptionnel de 130 M€ sur la trésorerie des six agences de l’eau. Il est indispensable pour les années à venir, de sanctuariser les moyens des agences.
Le modèle de financement des agences de l'eau repose sur une taxe affectée, le principe « l’eau paie l’eau », reconnu et envié dans le monde entier. C’est un système démocratique, solidaire et efficace. Nous ne pouvons pas le fragiliser au moment même où les tensions sur la ressource s’intensifient.
Permettre aux agences d'utiliser les taxes collectées sur leur bassin est une nécessité absolue pour leur permettre d’agir et d’être à la hauteur des enjeux d'avenir. Car derrière les chiffres se trouve une réalité simple : sans financements sanctuarisés, il n’y a ni résilience, ni sécurité hydrique, ni avenir pour nos territoires.