Liens de partage
  • Agriculture
  • Usages de l'eau
  • Biodiversité
  • Changement climatique

Les solutions fondées sur la nature au cœur des solutions pour faire face au changement climatique

Publié le

Préserver, gérer ou encore restaurer les écosystèmes pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, en combinant bénéfices pour le bien-être humain et la biodiversité, telles sont les perspectives que portent les solutions fondées sur la nature.

L'émergence et la reconnaissance d'un concept

Le concept de solutions fondées sur la nature (SfN) a émergé, sous l’impulsion de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements cli­matiques (CCNUCC) en 2009, à Copenhague. Les SfN sont définies par l’UICN comme les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité.

 Ces « défis de société » sont divers : prévention des risques naturels (inondation, sécheresse…), approvisionnement en eau, adaptation aux changements climatiques et atténuation de leurs effets, etc.

Les écosystèmes terrestres et marins jouent un rôle fondamental dans l’atténuation des changements climatiques en stockant et captant le carbone. Ce sont aujourd’hui les plus grands réservoirs naturels de carbone et, grâce à la photosynthèse, ils absorbent environ la moitié des émissions de CO2 générées par les activités humaines chaque année. Cependant, ce rôle est aujourd’hui compromis par la dégradation des milieux naturels. De plus, la déforestation et l’artificialisation des sols sont à l’origine d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre, ce qui contribue à l’accentuation des effets des changements climatiques.

Les solutions fondées sur la nature concernent trois types d’actions, qui peuvent être combinées dans les territoires : la préservation d’écosystèmes intacts et en bon état écologique, l’amélioration de la gestion durable d’écosystèmes utilisés par les activités humaines, et la restauration d’écosystèmes dégradés ou la création d’écosystèmes. Ces actions peuvent ainsi être menées dans divers milieux, anthropisés ou non : milieux aquatiques, agricoles, montagnards, forestiers mais aussi en ville.

La place des solutions fondées sur la nature dans l’atteinte des objectifs de développement durable et pour atténuer les effets des changements climatiques et des risques naturels a été reconnue au niveau international, dans l’Accord de Paris sur le climat (adopté lors de la COP 21) lors du Congrès mondial de la nature en 2016. L’importance de ces solutions a été vivement renouvelée dans le Manifeste de Marseille (rédigé lors du dernier Congrès mondial de la nature en septembre 2021) et la France, pays hôte, s’est engagée à financer plus massivement les SfN.

Résilience des milieux aquatiques

Adaptation au changement climatique

Les écosystèmes jouent un rôle fondamental dans l’adaptation aux effets des changements climatiques en réduisant les impacts des risques naturels (inondations, érosion, sécheresse…)

Les solutions fondées sur la nature trouvent de nombreuses applications dans le domaine de la gestion de l’eau...

... qu’il s’agisse d’en préserver la qualité ou de réduire les risques naturels inhérents (inondations, crues ou sécheresse) tout en préservant la biodiversité :

 

Schéma : les solutions fondées sur la nature se retrouvent dans tous les milieux

Des exemples concrets dans les territoires

À l’occasion de la journée mondiale des zones humides du 2 février 2020, le Comité français de l’UICN a présenté une vingtaine d’exemples d’expériences de protection, restauration et gestion durable d’écosystèmes en France permettant de réduire les risques naturels liés à l’eau, comme les inondations ou les sécheresses. Sur le terrain, cela se traduit par des créations de zones d’expansion de crues, des restaurations de zones humides, des projets de revégétalisation urbaine ou de désimperméabilisation. Ces projets sont menés sur une grande diversité de milieux, de l’amont à l’aval d’un bassin versant.

Eponge, amortisseur de crue, filtre, bouclier... Les zones humides nous rendent de nombreux services

Elles sont l’une des principales solutions fondées sur la nature et  jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau : véritables éponges, elles stockent l'eau en période d'inondation et la restitue en période de sécheresse.

Les tourbières et les petites zones humides en tête de bassin versant vont avoir un rôle d’éponge, là où les prairies humides et les forêts alluviales vont avoir un rôle d’amortisseurs de ¤¤crues¤¤.

De leur côté, les roselières jouent un rôle de filtre tandis que les lagunes, les mangroves et les marais littoraux sont un bouclier efficace contre la submersion marine.

Dans de nombreux territoires, ces zones humides sont fragilisées et se réduisent. Leur protection et leur restauration représentent un outil majeur d'atténuation des phénomènes du changement climatique grâce au stockage de carbone et à leur rôle de filtre et de régulation.

L’agence de l’eau soutient et finance des projets de mise en œuvre de solutions fondées sur la nature

Quelques exemples :

1/ Restauration des zones d’expansion des crues de l’Osse en amont de Vic-Fezensac : réduire le risque d’inondation et protéger la biodiversité

La commune de Vic-Fezensac (département du Gers) est traversée par l’Osse et a subi au cours des dernières années diverses crues plus ou moins importantes. Des travaux de recalibrage et d’endiguement avaient été menés dans les années 1970 sur l’Osse en aval de Vic-Fezensac dans un premier temps, puis en amont par la suite. Ces travaux ont profondément modifié la morphologie du cours d’eau ainsi que les vitesses d’écoulement.

Les études et les projets menés visent à prémunir la commune contre les risques d’inondation, en raison des travaux de recalibrage et d’endiguement menés dans les années 70. Et il s’agit aussi de renaturer le cours d’eau pour améliorer sa qualité hydromorphologique et mettre en valeur le site par la création d’un sentier pédagogique. De nombreux suivis biologiques sont prévus pour évaluer les gains de ces travaux pour la biodiversité (invertébrés, poissons, planctons, etc.).

 

2/ Restauration d’annexes fluviales de la Garonne, du Tarn et de l’Aveyron à Nègrepelisse

Le département du Tarn-et-Garonne est traversé par de nombreux coursd’eau, le long desquels on retrouve une multitude de milieux, notamment des zones inondables.

Ces milieux présentent de forts enjeux environnementaux notamment dans la régulation des crues et dans la reproduction piscicole, en particulier pour le brochet. Or différents facteurs conduisent à une perte des fonctionnalités hydromorphologiques et biologiques de ces milieux.

Les gains attendus des projets menés, avec le soutien de l’agence de l’eau sont :

  • reconquérir un espace naturel humide et inondable de 5400 m² pouvant accueillir le public et les riverains ;
  • redynamiser la population de brochet sur ce secteur de la rivière Aveyron ;
  • diversifier les habitats humides pour améliorer la biodiversité.

Le FORUM ARTISAN sur les Solutions d’adaptation aux changements climatiques fondées sur la Nature en France

Cet évènement, organisé les 15 et mars 2022 à Lille en (présentiel et digital) est l’un des volets du projet Life intégré ARTISAN.

De quoi s’agit-il ?

Financé à 60 % par la Commission européenne, le projet Life intégré ARTISAN est piloté par l'Office français de la biodiversité (OFB). Il est doté d'un budget total de 16,7 millions d'euros sur une durée de 8 ans (2020-2027).

Pour favoriser la démultiplication des SFN aux échelles locale, régionale, nationale et européenne, plusieurs dispositifs sont prévus, notamment une animation régionale grâce à la présence d’un animateur ARTISAN dans chaque région ou sous-région française. Ces animateurs ont pour missions de créer et d’animer 13 réseaux régionaux avec des acteurs locaux du climat et de la biodiversité afin de décloisonner ces thématiques et d’impliquer les parties prenantes locales : DREAL, Agence de l’eau, Région, Agence régionale de la biodiversité, OFB, ADEME, etc. Ces animateurs ont aussi pour mission d’apporter un appui à la mise en œuvre de projets de SFN et de faciliter l'intégration de ces solutions dans les démarches de planification territoriale.